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Cultiver des citrouilles à graines oléagineuses

Centre d'agriculture biologique du Canada

Les graines de citrouille présentent plusieurs bénéfices aux consommateurs soucieux de leur santé. Les graines sont riches en acides gras essentiels et tocophérol, un précurseur de la vitamine E. Les graines entières peuvent être vendues comme collation santé, ou incorporées dans les granolas, mueslis, pains et autres produits alimentaires.

L’huile pressée à froid depuis les graines est un supplément nutritionnel de qualité. L’huile contient des taux d’antioxydants plus élevés que l’huile d’olive extra-vierge, ou l’huile extraite de noix, graines de pavot, chanvre ou tournesols. Les graines contiennent également les acides gras essentiels utiles pour traiter les problèmes de prostate.

Les citrouilles à graines oléagineuses (spécifiquement Cucurbita pepo subsp. pepo var. Styriaca) ont été sélectionnées pour leurs graines et leur potentiel comme culture oléagineuse. En Styrie, une province de l’Autriche, elles ont été cultivées pour au moins deux cents ans. Les chercheurs présument qu’une mutation a engendré une enveloppe mince chez certaines plantes et, au cours des générations, les agriculteurs ont sélectionné les variétés dont les graines sont dotées des enveloppes les plus minces, qui comptent les plus grandes graines et le plus grand nombre de graines. Les citrouilles ont de grandes cavités emplies de graines vertes nues contenant de 40 à 50Ìý% d’huile. La culture peut produire 0.5-1.4 tonnes de graines par hectare.

Traditionnellement, les cultures de citrouilles de Styrie étaient intercalées avec celles du maïs. Le maïs fournissait un brise-vent et une barrière contre les animaux nuisibles. Lorsque les citrouilles mûrissent, les graines sont récoltées et transformées en huile. La chair de la citrouille était souvent offerte comme nourriture aux bovins ou aux porcs, ou combinée aux tiges de maïs pour l’ensilage.

L’intérêt récent à l’égard des bienfaits pour la santé des acides gras essentiels a engendré un intérêt croissant envers cette culture. Les citrouilles à graines oléagineuses peuvent être cultivées dans la plupart des régions où les autres courges ou citrouilles d’hiver sont cultivées. En fait, la culture peut convenir davantage au climat canadien qu’aux régions plus chaudes. La composition des graines en huile et en acide linoléique est supérieure lorsque les plantes sont cultivées sous des conditions climatiques relativement fraîches, telles celles du climat de l’Autriche où la culture a été développée.

Les citrouilles peuvent être cultivées sous régie biologique et ainsi produire des graines qui conviennent au marché des produits de santé. Les chercheurs de la Grappe scientifique biologique du Centre d’agriculture biologique du Canada étudient la culture biologique des citrouilles à graines oléagineuses. Leurs conclusions sur les différences variétales, la gestion des mauvaises herbes et les exigences en engrais profiteront aux producteurs souhaitant entreprendre de cultiver les citrouilles à graines oléagineuses.

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Les citrouilles traditionnelles de Styrie sont de grandes plantes avec des vignes de 2.5 à 3 mètres de long. Le poids du fruit est en moyenne de 6 kg. Ils portent des rayures vertes et jaunes, mais deviennent orange en murissant. La chair est épaisse et filandreuse, convenable pour les aliments pour animaux, mais non pour la consommation humaine.

Les sélectionneurs de semences ont développé des variétés porteuses de fruits plus petits, qui mûrissent hâtivement (p.ex. 100 jours au lieu de 110-120 jours) et dont les temps de maturation sont plus uniformes. Lors de la comparaison de deux variétés cultivées en Nouvelle-Écosse, les citrouilles Kakai étaient plus grosses et avaient plus de graines par fruit que les citrouilles Snackjack. «ÌýLes plantes Snackjack ont plus que compensé ces déficiences, en produisant plus de citrouilles par plante, ce qui a engendré un rendement plus élevé en graines et huile.Ìý» (Mackenzie, Hammermeister and Savard. 2009).

Varieties

  • Gleisdorfer Ölkürbis (Styrian Hulless ou Naked Seeded Pumpkin) – la variété la plus commune cultivée en Autriche Ìý
  • Weis 371 – mûrit quelques jours après la ÌýGleisdorfer Ölkürbis.
  • Olinka – plante tentaculaire avec de gros fruits (7-12 kg) Ìý
  • Lady Godiva – variété américaine avec de plus petits fruits (1.5-2 kg).
  • Kakai – semi-buisson avec des fruits de 2-3 kg
  • Rankenloser Ölkürbis – buisson compact avec 3 fruits/plant
  • Snackjack – variété de buissons avec des graines partiellement vêtues Ìý
  • Little Greenseed – petit fruit rond
  • Triple Treat – bonne pulpe mais les graines ont des coques fibreuses Ìý
  • Streaker - bonnes graines et bonne pulpe
  • Les autres variétés de buissons incluent Tschermak’s Ölkürbis, Giessner, Slovenska Golica, Sepp et Markant. Les variétés de buissons dont la pulpe est comestible incluent Eat All, Snackface, Trick or Treat, Tricky Jack and Sweetnut.

Conditions du sol

Les citrouilles à graines oléagineuses ont besoin d’un sol fertile au pH de 6.0-7.5. Les citrouilles sont voraces. Elles croissent mieux après une culture d’engrais vert ou l’application de compost. Cependant, des taux excessifs d’azote soluble peuvent engendrer une croissance foliaire excessive et une faible production de fruit.

La production de graines semble être stimulée par des taux élevés de phosphore, mais réduite par des taux élevés d’azote. Une étude a montré que les applications d’amendements de compost et/ou d’acides humiques haussaient le contenu des graines en protéines. Les applications de bore (Solubor) peuvent accroître le nombre et la densité des graines.

La plantation

Attendez que le sol soit chaud (p.ex. au dessus de 15°C) et que la menace de gel soit passée avant de semer. Les graines nues sont plus vulnérables à la pourriture dans les sols frais que les autres graines de cucurbitacées qui ont des enveloppes protectrices. Le tassement après la plantation améliorera les taux de germination. Les semis transplantésÌý croissent plus rapidement et produisent de plus gros fruits et plus de graines que les plants directement semés. Bavec et al. (2002) ont observé que les rendements en graines étaient de 1.03 t/ha pour les plants directement semés et de 1.68 t/ha pour les transplants (qui étaient âgés d’un mois, hauts de 15 cm et porteurs de 2-3 feuilles).
Les chercheurs de la Nouvelle-Zélande ont montré qu’un espacement de 1-1.5 plants/m2 produisait des rendements maximaux (comparé à 1.5-2.2 plants/m2 pour la courge musquée). Les plants peuvent être distancés de 1.5-2 mètres dans un rang avec un écartement le plus large possible entre les rangs. Quand les plants sont trop denses, le nombre de fruits par plant s’en trouve réduit.

Les bâches à platÌý procurent de la chaleur additionnelle et protègent les semis des nuisibles. Les bâches doivent être retirées avant la floraison.

La présence de brise-vent ou la plantation dans des endroits abrités réduisent les dommages causés par le vent chez les plantes à larges feuilles. Les citrouilles s’épanouissent en cultures intercalaires avec le maïs (5-10 m de distance).

Contrôle des mauvaises herbes

Misez sur un contrôle hâtif des mauvaises herbes. Avec la technique du faux semis sur planches d'ensemencement, le sol est préparé dès qu’il peut être travaillé au printemps. Le sol est cultivé une fois que les mauvaises herbes apparaissent, mais avant qu’elles ne puissent s’établir. Ce procédé peut être répété, avec un labour peu profond, jusqu’au temps de la plantation.

Une autre méthode consiste à semer une culture-abri (p.ex. une céréale avec une légumineuse) à l’automne ou au printemps avant la plantation. Incorporez la culture-abri au moins un mois avant, ou battre au fléau juste avant la plantation des citrouilles. Une autre option est de transplanter les semis dans un paillis de plastique noir.

Une fois que la culture est établie, mais avant que les vignes ne se déploient, la culture peut être labourée et un paillis (de paille) appliqué ou un paillis vivant planté. Une étude a montré qu’un mélange de seigle d’automne et de vesce Lana avait contrôlé les mauvaises herbes sans nuire aux rendements des cultures quand les cultures-abris étaient plantées à des densités de semis élevées après que les citrouilles soient établies. (Vanek, Wien et Rangarajan, 2005).

Soins pendant la saison de croissanceÌý

Les citrouilles sont tolérantes à la sécheresse, mais des conditions sèches prolongées amèneront une perte de rendement. Si les plantes sont irriguées, il est important d’éviter une humidité excessive. Cela peut induire des maladies fongiques et, vers le temps des récoltes, causer la pourriture des citrouilles.
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La pollinisation par les insectes est nécessaire à la production des graines. En général, pour les courges et les citrouilles, plus il y aura de visites des pollinisateurs (jusqu’à 16), meilleurs seront la nouaison, la grosseur et le poids des fruits et le nombre de graines. Pour augmenter le taux de pollinisation, les producteurs peuvent placer 5 ruches et plus/ha de bourdons. Les bourdons sont préférables aux abeilles à miel parce qu’ils demeurent actifs par temps frais et humide.

Nuisibles et maladies

À cause des problèmes de nuisibles et de maladies, les citrouilles et les cucurbitacées de même famille ne devraient pas être plantés au même endroit plus d’une fois par 4-5 années. La rotation des cultures et l’apport d’un habitat pour organismes bénéfiques aident à prévenir plusieurs nuisibles et problèmes de maladies.ÌýÌý

En 1997, une éclosion du virus de la panachure infectieuse du zucchini a détruit 60 pour cent de la récolte de citrouilles à graines oléagineuses en Autriche. Le virus est propagé par les pucerons et la chrysomèle rayée du concombre, et par les graines. Pour éviter le problème, il est critique d’utiliser des graines nettoyées et de réduire les infestations de nuisibles.

Les pucerons et les chrysomèles rayées du concombre sont repoussés par les pulvérisations d’huile de neem, les bâches à plat et les paillis qui reflètent la lumière. L’utilisation de larges bandes de 0-30 cm de papier d’aluminium ou de plastique argenté s’est avérée plus efficace pour contrôler les pucerons que des traitements hebdomadaires d’insecticides.Ìý
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Les chrysomèles du concombre peuvent aussi être contrôlées par l’utilisation de Surround, un produit contenant du kaolinton, par l’aspiration des chrysomèles ou l’utilisation d’autres cucurbitacées (p. ex. le zucchini) comme culture appât.

Une circulation adéquate de l’air et un arrosage non excessif aident à prévenir le mildiou et les autres maladies fongiques. Pulvériser du lait sur les plantes aide à réduire l’incidence du mildiou. Aussi, les agriculteurs biologiques peuvent traiter le mildiou avec Serenade (Bacillus subtilis).

La récolte et le traitement

Les citrouilles sont récoltées lorsque les feuilles sont jaunes et que le fruit devient orange, ou avant un gel à pierre fendre. Les graines peuvent être retirées lors de la récolte ou après que les citrouilles aient mûri davantage au cours de l’entreposage. Les graines des fruits pleinement matures ont une teneur en huile plus élevée que celles des fruits immatures.

Les cultures peuvent être entreposées pendant plusieurs mois à 10-13°C (50-55°F) à une humidité relative de 50-70 %. Les graines peuvent être retirées à la main ou mécaniquement, et séchées jusqu’à ce que la teneur en eau chute à 8-10 %.

Conclusion

Les citrouilles à graines oléagineuses constituent une option viable pour les producteurs canadiens. Les jardiniers des marchés peuvent vendre les citrouilles et/ou les graines aux marchés fermiers avec d’autres produits, ou utiliser les réseaux d’Agriculture soutenue par la communauté (ASC) en hiver. Les presses européennes sont offertes pour les productions à l’échelle personnelle ou artisanale. ÌýÌýÌý

Comme culture au champ, les citrouilles à graines oléagineuses ont du potentiel, cependant les agriculteurs ont besoin d’importer ou de créer l’équipement pour récolter les graines. Les producteurs ont besoin d’assurer qu’il est financièrement viable d’expédier les graines aux grossistes ou aux installations adaptées pour le traitement de cette culture.


Cet article a été rédigé par Janet Wallace pour le CABC grâce au soutien financier de la Grappe scientifique biologique du Canada (une partie de l’ du Cadre stratégique Cultivons l’avenir d’Agriculture et agroalimentaire Canada. La Grappe scientifique biologique est le fruit du travail de coopération accompli conjointement par le
CABC, la et les partenaires de l’industrie.