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Un tableau sur les moyens d’accroître l’efficacité énergétique à la ferme

Centre d’agriculture biologique du Canada

C’est habituellement par le biais d’une liste des meilleures pratiques de gestion que les agriculteurs sont conseillés sur les moyens d’accroître leur efficacité énergétique et réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une approche fragmentée qui n’encourage pas toujours la pratique d’une agriculture biologique intégrée.

Dans l’article «  » publié dans le Journal of Sustainable Agriculture, les auteurs offrent une solution de remplacement : un tableau de stratégies applicables à la ferme.

Les stratégies sont classées suivant les critères efficacité-substitution-restructuration. L’amélioration de l’efficacité est la stratégie la plus simple, la stratégie de la substitution étant déjà plus compliquée et celle de la restructuration la plus complexe. Quatre catégories-clé – opérations agronomiques, conception du système des cultures, gestion du fumier et gestion de la production animale – sont incluses.

Ce tableau présente l’avantage de fournir un aperçu des options et permet à l’agriculteur d’intégrer un nombre de stratégies de manière pratique (se référer au Tableau 2 révisé plus bas).

Adapté et révisé depuis le Tableau 2: Stratégies applicables à la ferme pour améliorer l’efficacité énergétique en agriculture biologique et réduire les émissions de GES.
°ä²¹³Ùé²µ´Ç°ù¾±±ð Stratégies d’efficacité Stratégies de Substitution
Stratégies de restructuration
Opérations agronomiques 1. Réduction des passages au champ, incluant un labour stratégique, opérations en une seule étape et labour peu profond avec des outils à large empattement. 2. Ajustement à l’échelle de l’alimentation de l’équipement. 3. Amélioration de l’efficacité du cycle nutritif, incluant une meilleure gestion des cultures de légumineuses, approvisionnement en matières organiques.
Conception du système des cultures
4. Meilleure séquence de rotation des cultures pour tenir compte des capacités des végétaux à fixer l’azote, utiliser et transférer les éléments nutritifs. 5. Efficacité de la conversion de l’énergie solaire par les cultures, incluant un meilleur appariement de la génétique des plantes et la structure du système de la plante. 6. Amélioration de l’efficacité photosynthétique en rotation des cultures, incluant la possibilité de mieux utiliser des plants mieux adaptés à de hautes températures diurnes, à une lumière solaire intense et à la sécheresse.
Gestion du fumier
7. Réduction de la surface des tas de fumier, compostage.
8. Amélioration des techniques d’application du fumier afin de minimiser les pertes. 9. Prolonger le temps d’accès à l’extérieur des animaux, le fumier étant principalement déposé dans les pâturages car la collecte de fumier est moins efficace que le dépôt dans les champs.
Gestion de la production animale 10. L’utilisation de probiotiques, d’huiles de poisson et d’extraits végétaux afin de réduire les émissions de méthane depuis la dégradation des aliments dans le tube digestif des ruminants et une formulation attentive de la diète pour réduire les émissions d’oxyde nitreux depuis le fumier. 11. La réduction des émissions de méthane et d’oxyde nitreux améliore la qualité des bâtiments d’élevage. 12. La sélection de races dont la croissance est plus lente car elles sont plus efficaces dans les systèmes biologiques et affichent de meilleures performances en pâturage.

Deux des auteurs de cette étude, Derek Lynch et Ralph Martin, ont été interviewés et ont fourni des exemples de l’application ou de la manière d’appliquer ces stratégies. Les nombres sont parfois utilisés pour identifier les stratégies.

“De nombreux agriculteurs biologiques qui se basent sur une vision intégrée pourraient commencer par appliquer la stratégie de restructuration, » dit Lynch. « Il n’est pas rare pour les agriculteurs en transition vers le système de production biologique de commencer avec la stratégie plus simple de la substitution. »

Martin s’est basé sur une ferme du Québec administrée par trois frères pour montrer comment les stratégies sont utilisées. « Il s’agit d’une exploitation passablement importante qui produit du maïs, du blé, du soja; ils essaient de réduire le travail du sol et en sont pratiquement à une seule opération, » dit-il. « Ils ont aussi expérimenté de ne faire aucun travail du sol. »

Martin déclare que certains agriculteurs biologiques s’inquiètent de l’accès à long terme à des variétés de végétaux bien adaptés à leurs fermes et systèmes de production. « Les trois frères propriétaires de cette ferme du Québec et d’autres agriculteurs ont entrepris de récolter leurs propres semences de maïs » dit Martin. « Ils recherchent des sélectionneurs de maïs professionnels pour les aider. Ils veulent sélectionner des semences adaptées à leurs systèmes de cultures. » (5)

“Vous devez appliquer la stratégie #4, mais on peut dire que quelques agriculteurs biologiques sont au niveau 5 ou 6, » dit Lynch. « On en est réellement à la fine pointe lorsqu’on pense à utiliser efficacement la terre comme matière de base. »

“La stratégie #3 est comparable à une description de la gestion biologique de la fertilité, » dit Lynch. « C’est la pierre angulaire de votre gestion de l’azote, » dit-il. « Une fois introduit, le recours aux légumineuses comme source d’azote joue un rôle considérable dans la réduction de l’empreinte énergétique de la ferme par rapport à l’utilisation d’engrais azoté (N) synthétique. »

Se référant à la stratégie #9, Martin note que les fermiers en production conventionnelle comme en production biologique prolongent le temps que les animaux passent à l’extérieur. « Dans les Prairies, certains éleveurs pratiquent le pâturage d’hiver. Ils ne se soucient pas de le mettre en balles. C’est passablement sec dans les Prairies. En autant qu’il n’y ait pas plus de 18 pouces de neige sur les andains, les bovins peuvent les atteindre. Ils reconnaissent la bosse sous la neige et ce qu’elle cache. Ils se rendent donc à la bosse, percent la neige pour trouver l’andain et le mangent. »

Martin déclare que certains fermiers recherchent des races patrimoniales de poulet parce qu’elles sont mieux adaptées à la vie à l’extérieur. « Vous parlez définitivement de restructuration à l’étape de la stratégie # 12 » ajoute Lunch.

« Une ferme laitière près de Montréal accomplit du bon travail en pâturage et en gestion des cultures » dit Martin. « Ils appliquent les stratégies 1, 3, 4 … et visent la stratégie #12. »

On parle vraiment d’agriculture intégrée.


Rédigé par Steve Harder pour le CABC comme second article basé sur l’étude. Pour davantage d’information : 902-893-7256 ou oacc@dal.ca.

Affiché en octobre 2010